YANNICK DEUBOU SIKOUE est un artiste de BD camerounais. Il a eu une bourse d’AMA lors de la session de janvier 2012, afin de particper au Festival International da la Bande Dessinée de Tétouan (Maroc)
» Parti de Yaoundé le 18/05/2012 à 4 heures du matin plutôt que le 17/05/2012 à la même heure tel que prévu, à cause d’un report du vol par la compagnie aérienne, je suis arrivé à Casablanca le 19/05/2012 à 11h. Invité au départ pour le Festival International da la Bande Dessinée de Tétouan qui se tient les 24, 25 et 26 mai 2012, je suis informé par des collègues auteurs marocains du fait qu’un nouveau festival aura lieu à Casablanca une semaine avant celui de Tétouan. C’est ainsi que je rentre en contact avec les organisateurs, qui rapidement me programment pour des rencontres et des ateliers. Ainsi mon séjour au Maroc aura connu deux temps forts : au festival de la bande dessinée de Casablanca (17 au 20 mai 2012) et au festival international de la bande dessinée de Tétouan (24 au 26 mai 2012).
Ce séjour au Maroc a été intense de par les rencontres faites, les discussions et les ateliers auxquelles j’ai participé. D’abord au festival de Casablanca où l’accueil chaleureux et l’ambiance conviviale m’ont touché, j’ai animé des ateliers avec les étudiants de l’Institut des Beaux Arts, avec des enfants et j’ai participé à des rencontres/débats sur les problèmes que rencontrent la bande dessinée en Afrique et plus précisément au Maroc. Je retiens donc de ce festival, l’ouverture d’esprit des étudiants toujours à la quête de conseils, la rencontre entre les générations de lecteurs de Akim, Zembla, Blec le roc et celle de Dragon ball Z et Naruto, autour d’une même passion : la bande dessinée. Je suis convaincu qu’un festival aussi bien organisé et les énergies réunies pour sa réussite (France, Algérie, Cameroun etc.), créeront une émulsion et un foisonnement des talents locaux. Puis au festival de Tétouan où les rencontres avec les collègues auteurs de l’Egypte, d’Espagne, du Congo RDC et de la France, déboucheront je l’espère sur des projets.
Participer à deux festivals autant chargés en animations (dédicaces, ateliers) qu’en rencontres et débats, en l’espace de deux week-ends représente un vrai challenge. Arrivé au festival de Casablanca avec un jour de retard dû au report de mon vol par la compagnie aérienne, j’ai pris le train en marche en animant des ateliers et en participant à un débat sur la littérature de jeunesse, malgré la fatigue du vol. L’autre difficulté a été celle du logement, n’ayant pas été pris en compte dans les budgets modestes de l’organisation du festival de Casablanca, j’ai résidé chez un collègue et ami Jean François Chanson à Rabat, qui lui aussi participait au festival, donc nous faisions tous les matins et tous les soirs la route entre Rabat et Casablanca. Ce qui est assez épuisant lorsque les activités du festival commencent à 9h30 et se terminent à 20h.
A Tétouan, la principale difficulté a été celle de la langue, beaucoup d’étudiants et de participant ayant pour principale langue l’arabe et l’espagnol. Du coup les discussions étaient soit traduite soit se faisaient en français, en anglais et en espagnol…ce type de rencontres montre très bien à quel point l’art est un langage universel !!!
Pour l’avenir, j’ai un projet qui s’intitule « Africa’s legends » dont l’objet est de rendre hommage à des personnalités ayant marqué l’histoire de l’Afrique contemporaine, de tel sorte que leur parcours et leur histoire puissent servir de modèle aux jeunes générations. Le projet se décline en deux tomes de bande dessinée et deux coffrets de dessin animé. Certains dessinateurs rencontrés durant ces deux festivals, dont j’ai été sensible au travail et à la démarche, participeront au projet. Je compte également inviter des auteurs présents à ces festivals au Mboa BD festival que nous organisons au Cameroun. Enfin, les éditions Alberti basées à Rabat qui participaient au festival de la BD de Casablanca, ont été intéressées par mon travail, un projet est donc en train de se mettre en place avec Jean François Chanson au scénario, il sortira au Maroc avant la prochaine édition du festival.
De façon générale, je suis très reconnaissant au soutien apporté par AMA à la mobilité des artistes sur le continent africain. La bande dessinée est un art relativement nouveau sur le paysage artistique africain, je suis convaincu que soutenir et permettre aux auteurs de mieux se déployer sur les festivals et autres évènements autour de la BD qui se tiennent en Afrique, auraient un impact perceptible sur l’évolution de cette discipline et sur la filière du livre de façon générale. J’exhorte donc AMA à soutenir plus souvent des auteurs de bande dessinée dans le cadre de la mobilité artistique sur le continent. »